#RpNdar2# L’avenir des partis politiques au Sénégal

L’histoire des partis politiques sénégalais commence au début du XXe siècle, mais 1946 en est, d’une certaine façon, la date fondatrice. Ainsi donc, à la suite de Maurice Duverger pour qui les partis politiques sont les enfants du suffrage universel, c’est ce tournant qui marque la vitalité des partis politiques au Sénégal.

Les partis politiques sont généralement définis comme des groupes, des entreprises tournées vers un objectif majeur : la conquête et l’exercice du pouvoir par le biais d’une mobilisation de soutiens électoraux.

On attribue en général trois rôles majeurs aux partis politiques dans un régime démocratique. Il leur revient d’éduquer les citoyens sur les fondamentaux politico-démocratiques par la sensibilisation et l’information, de leur apporter un encadrement politique pertinent par la mise en œuvre de programmes politiques, de projets de société pour permettre un choix éclairé en veillant à l’encadrement des élus pour un minimum de cohérence dans l’action politique. Ces tâches viennent en appoint dans un système démocratique tout en consolidant les acquis.
Au Sénégal, la satisfaction de ces objectifs originels des partis politiques connaît des obstacles. D’abord, les cotisations des militants représentent une masse marginale vues les coûts d’une activité politique de plus en plus avide en dépense et en marketing politique. Au Sénégal, le financement des partis politiques est une nébuleuse complexe qui se cristallise sur des aspects dépassés. On peut aussi évoquer l’autre versant de l’accaparement des médias d’Etat, pervertis en un outil de propagande politique. L’absence d’un égal accès aux services publics de la presse lèse les partis en dehors de la sphère dirigeante. Il a aussi un effet pervers dans le fait que la surabondance des activités du parti au pouvoir occulte l’importance des débats et des problématiques centraux qui doivent orienter les débats politiques et les projets de société. Ce débat perd en hauteur si le travail d’éducation qui doit être effectué en amont est absent.

La défaillance constatée dans le travail d’éducation politique est aussi imputable au défaut d’éducation et de formation des « élites politiques ». Il ne s’agit pas de faire dans la discrimination, mais il est unanimement admis que pour envisager les problématiques majeures de nos sociétés, il est nécessaire de disposer d’un minimum d’instruction et d’éducation. La faute incombe aux partis politiques qui ne disposent d’aucun outil dans ce sens. Le clientélisme politique et les solidarités autour d’intérêts primaires sont préférés à un encadrement efficace des militants, d’abords, et des dirigeants ensuite. Il faudrait que les élus de tous bords et ceux qui aspirent à un mandat électif soient imprégnés d’un minimum de valeurs démocratiques et de références politiques nobles. Or le seul déterminant électif est placé autour de la capacité mobilisatrice des postulants au détriment de leur imprégnation des choses publiques et de leur compétence, le cas échéant.

Le désintérêt grandissant des citoyens et électeurs pour les débats politiques témoignent d’un certain échec des partis politiques. Le jugement est unanime : il faut repenser le rôle des partis politiques pour, ensuite, le refonder dans l’espace public en remaniant l’éducation et l’action politique en profondeur.

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