Bertrand Badie pose une réflexion sur les relations internationales dans le contexte géopolitique contemporain. Les logiques de domination s’effritent ; les pôles se multiplient. Quel doit être le positionnement de l’Occident qui s’est toujours perçu comme la référence idéologique et politique? Est-il conscient des changements en cours face à des peuples qui se défont progressivement du modèle occidental?
Dans le cadre de sa visite de 48h à Dakar sur invitation de la Rosa Luxemburg Stiftung, le Professeur Bertrand Badie a donné une conférence sur son dernier ouvrage paru chez La Découverte en 2016, Nous ne sommes plus seuls au monde. Un autre regard sur l’« ordre international ». Elle s’est tenue le vendredi 19 mai 2017 à la Salle Atelier de l’UCAD II. Professeur des universités à Sciences-Po Paris, Bertrand Badie s’est imposé comme l’un des meilleurs spécialistes en Relations internationales. Le Professeur Babaly Sall, coordonnateur du CERADD de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis a été le modérateur. Un autre enseignant de l’UGB à savoir le Professeur Felwine Sarr a été le discutant.
Le conférencier a articulé la réflexion sur les idées développées dans le livre avec les dernières élections présidentielles aux Etats-Unis et en France. Elles ont consacré respectivement Donald Trump et Emmanuel Macron aux postes de président de la République. Pour lui, le monde occidental doit cesser de se penser comme seul au monde. Ainsi, la bataille pour la dignité et le respect des autres peuples devrait être le nouveau challenge des relations internationales et qu’il faudrait arriver à dépasser la philosophie de la hiérarchisation et de l’exclusion qui se trouve être à la base des relations internationales actuelles. Cependant, il dit son scepticisme en la capacité du nouveau président élu des Etats-Unis à faire bouger les lignes, d’autant plus que ce dernier fait le pari absurde de convertir l’ordre international aux intérêts nationaux étasuniens. Pour ce qui est d’Emmanuel Macron, après avoir traité la colonisation de crime contre l’humanité, il s’est vite rectifié témoignant par-là la difficile acception du monde occidental de ses erreurs du passé pour aller vers un monde de peuples décomplexés.