Cheickna Yaranangoré est boursier de l’équipe pays du Burkina Faso dans le cadre du projet » Stratégies de résilience des jeunes face à la violence en Afrique de l’Ouest ». Il travaille sur la résilience de l’Etat burkinabé face à un contexte politique marqué par plusieurs mouvements de contestation, de révolution et de violence. Cheikna revient ici sur la capacité de l’Etat burkinabé à faire face à la violence et aux rôles que peuvent jouer la recherche scientifique dans la construction de la paix.
La différence entre les individus, tout comme entre les sociétés ne réside pas tant dans l’évitement des crises ou de la violence ( qu’elle soit politique, symbolique, terroriste…). Bien souvent la différence réside dans la capacité à se relever ou à s’adapter. S’adapter ne veut pas dire se résigner ou faire avec. Mais cela veut dire avoir une lecture lucide de la réalité et travailler à vaincre la tragédie. Tout réside donc dans la capacité des peuples à être résilients face aux chocs. La résilience peut revêtir plusieurs dimensions. Mais cela n’est pas l’objet du propos présent.
Le Burkina Faso (tout comme bien d’États africains) a vécu maintes crises qui jalonnent son histoire moderne. Mais là où d’autres ont basculé, le Burkina Faso a toujours su se relever et donc a jusque là faire preuve de résilience. Mais depuis un moment et surtout face à la recrudescence des attaques terroristes, il est clair que nous sommes face à une nouvelle donne. La violence n’est plus purement politique. Du moins, elle n’est plus inscrite dans le sens de ce que nous donnait à voir notre histoire politique. Nous sommes actuellement au coeur de grands enjeux géopolitiques et le tout mêlé à des contradictions internes partisanes. Tout cela rend la situation floue. D’où la nécessité de donner la parole aux spécialistes internes afin de mieux situer l’opinion publique (?).
Ce qui est menacé aujourd’hui et qu’il faut sauver à tout prix, c’est la structure même de l’État. Pour cela, il faudra plus que jamais être résilient ! Parce-que mieux vaut un État faible, un État avec toute les limites que l’absence de l’État. L’absence de l’État rime avec le déchaînement de toutes les passions. Il faut donc rester debout car le but de ceux qui attaquent est d’ouvrir le champ à la crise. Et c’est dans les moments de crises que la bête qui sommeille en l’humain s’éveille de sorte que ce dernier n’a plus d’égard pour sa propre espèce comme le dit Sigmund Freud.
On demandera sûrement comment rester résilients face à cette adversité que nous vivons ? Face au doute qui commence à gagner plus d’un ?
Il faut juste revisiter l’histoire et y puiser les ressources nécessaires pour ne pas basculer. On peut douter, discuter sur la voie à emprunter. Mais il reste qu’une communauté n’est résiliente que quand elle a des ‘tuteurs sociaux’ qui aident à montrer la voie quand tout semble floue. Ces tuteurs sociaux, ils peuvent être les intellectuels, les doyens de la communauté, les autorités politiques et morales, les partis politiques et la société civile ( responsables et ayant pour fin l’intérêt général), peut-être même l’opinion publique si elle est éclairée.
Il est donc temps que l’on donne la parole à ceux qui sont avertis. Ou il leur appartient de prendre maintenant la parole. Tout le monde a droit à la parole mais tout le monde n’est pas au même niveau d’informations. Tellement d’études sont faites par des burkinabè, tellement de thèses sur la question, tellement d’analyses… Il faut juste écouter et essayer de mettre à contribution ceux qui peuvent apporter une plus value.